Article N° 8134

Journée pharmaceutique des Doukkala

13e Journée pharmaceutique des Doukkala : unir, réformer, agir...

Abderrahim Derraji - 24 juin 2025 06:43
Le Syndicat des pharmaciens de la province d’El Jadida a organisé, le samedi 21 juin 2025, la 13e Journée nationale pharmaceutique des Doukkala, placée sous le thème : «La pharmacie au cœur de la communauté : rôle des pharmaciens en tant que professionnels de santé de proximité».

Les participants à ce rendez-vous national ont assisté à une première conférence animée par le Professeur Zineb Habbadi, praticienne au CHU de Rabat, qui a mis en lumière le rôle central du pharmacien dans l’accompagnement des femmes ménopausées. En tant qu’acteur de premier recours, le pharmacien informe ses patientes sur les symptômes de la ménopause, les options thérapeutiques disponibles — hormonales ou non —, les effets secondaires potentiels, et veille à la bonne observance des traitements. Il identifie les interactions médicamenteuses éventuelles, donne des conseils en matière d’hygiène de vie, d’alimentation et d’activité physique, et oriente les patientes vers un médecin si des signes inhabituels apparaissent.
 
Une autre intervention a porté sur les enjeux liés à la digitalisation de l’officine, soulignant l’importance croissante des logiciels de gestion officinale (LGO), devenus des outils stratégiques. Ces plateformes multifonctionnelles doivent évoluer pour intégrer des technologies innovantes, faciliter la mise en œuvre du Dossier patient partagé, la dématérialisation des dossiers-maladies, et alléger les tâches chronophages des équipes officinales. Dans ce contexte de transition numérique, la profession est appelée à s’impliquer activement tout en garantissant le respect du cadre légal, de la déontologie, du secret professionnel et de la protection des données à caractère personnel. Les pharmaciens doivent également faire face à l’évolution des attentes des patients, de plus en plus informés, connectés et exigeants. Pour rester une source fiable de conseil, il leur faut renforcer leurs compétences, actualiser leurs connaissances et se former en continu.
 
 
La matinée s’est achevée par une présentation des principales dispositions de la Loi de finances 2025 et de leur impact sur l’économie officinale, assurée par M. Abdellah Badaoui, Directeur provincial des Impôts d’El Jadida.
 
L’après-midi a été marquée par une séance plénière modérée par Dr Mohamed Sabri,  président du Syndicat des pharmaciens de la province d’El Jadida. Nadir Bouaiad, Business Development Lead chez IQVIA, a dressé un état des lieux du marché pharmaceutique marocain, en soulignant ses forces et ses faiblesses, notamment dans le contexte de la généralisation de la couverture médicale. La Pr Nouha Barrada a développé la notion de gestion globale de l’officine, insistant sur les indicateurs de rentabilité, les leviers de pilotage de l’activité et l’importance de répondre aux attentes des patients à travers des stratégies ciblées.
 
Le Dr Oualid Amri, président de l’Intersyndicale des pharmaciens d’officine du Maroc, a exposé les difficultés majeures auxquelles est confrontée la pharmacie d’officine au Maroc : faible pouvoir d’achat, consommation limitée de médicaments, chiffre d’affaires en baisse, charges croissantes, baisse continue des prix et concurrence déloyale. Il a souligné l’appauvrissement du secteur et le manque de reconnaissance du rôle du pharmacien. Il a appelé à des réformes ambitieuses, à une union forte de la profession et au renouvellement démocratique des instances ordinales.
 
Abdelhakim Zalim s’est exprimé sur les tensions croissantes au sein des caisses d’assurance maladie, pointant un déséquilibre entre les cotisations et les dépenses. Il a plaidé pour une maîtrise des dépenses en médicaments à travers la révision des modalités de fixation et de remboursement des prix, la mise en place du droit de substitution, un remboursement par indication, le déremboursement des médicaments sans intérêt thérapeutique, et la suppression de la majoration des prix des médicaments importés. Il a rappelé que 46 % des dépenses en médicament concernent un nombre limité de spécialités pharmaceutiques, et que d’autres postes de dépenses non liés directement aux soins doivent également être réévalués.
 
Le débat qui a suivi cette session IV a révélé les profondes préoccupations des pharmaciens face à des réformes perçues comme potentiellement déstabilisatrices pour l’économie déjà fragile des officines. Toute diminution du prix des médicaments se répercute directement sur leurs revenus, essentiellement fondés sur des marges appliquées aux tranches T1 et T2, ainsi qu’un forfait fixe pour la tranche T3. Quant aux médicaments relevant de la tranche T4, souvent délivrés hors circuit officinal, ils ne bénéficient qu’à un nombre très restreint de «pharmaciens dépositaires». Les échanges ont également souligné l’urgence d’une mobilisation collective, afin d’accompagner les évolutions du secteur tout en garantissant aux pharmaciens la possibilité d’exercer leur métier dans des conditions économiquement viables et dignes.
Journée en photos : 
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Source : PharmaNEWS